Orange, Californie le 28 Décembre 1996 Devant la porte, un homme tenait un bébé dans ses bras, le visage caché par une capuche assez ample, sous la pluie. Toutes les caractéristiques d’une soirée glauque comme dans les films de SF. Après avoir frappé deux trois fois à la porte, une dame d’un certain âge ouvrit et dévisagea l’homme, et le bébé. Elle ne pouvait distinguer grand chose à cause de la nuit, mais elle prit quand même en charge le bébé et prit les informations concernant l’enfant. Elle ne s’occupait pas de l’identité de l’homme, et le laissa prendre congé. Quelques temps après son départ, elle avait déjà tout oublié de sa mystérieuse venue. Elle tenait dans ses bras un très joli bébé aux grands yeux bleus cyan, comme la mer du pacifique. Son rire de bébé sonnait comme un carillon et faisait sourire la garde qui serra fort contre son cœur le bébé mystérieux.
Rin Kagamine.
Dès lors, Rin vécut une vie étrange, quelques années à l’orphelinat avec les questions avec ou sans réponses, mais la question qui l'avait le plus marquée était : " où est-elle ma maman ? Et mon papa ? " " Ils sont morts ma petite ". Son tuteur Japonais lui offrant un appartement dans l’Orange dès qu’elle fut en âge de prendre de bonnes décisions, allait dans des écoles Japo-américaines, parlant couramment les deux langues… Elle était une élève studieuse douée en sport et musique. Ces deux matières l’ont démarquées ! Et dès que son tuteur eut connaissance de ses petits talents, il l’inscrivit en école universelle artistique et sportive. Elle pouvait faire plus d’heures de sport et plus d’heures de musique. Enseignement qui dura longtemps, très longtemps… Au collège on parlait que d’elle parce qu’elle était souvent dans les meilleurs en natation, escrime et karaté, et également soliste en chorale de musique spécialité. Et, un jour…
Orange, Californie le 27 Décembre 2007, appartement de Rin Kagamine à 17h38 «
Itadaima Rin-chan, Tanjōbiomedetō » fit une voix à l’entrée de l’appartement.
Rin redressa sa tête, chaussée d’un casque et ayant sur son nez une paire de lunettes, son pouce appuyé sur la touche « start » de sa manette d’xbox 360.
«
Ah ! I quit the party guys ! See you later» s’exclama-t-elle avant de couper son jeu, retirer son casque et se diriger vers son tuteur légal qui retira son écharpe trempée, une moue triste en regardant cette dernière. «
Konnichiwa Takeshi-sensei. Vous avez fait bon voyage ? »
«
Un très bon, oui ! J’ai un cadeau très spécial pour toi, pour tes onze ans ! »
«
AH ? HONTONIIII ? » Takeshi sourit et répliqua, amusé : «
Oui ! Allez viens-là, je vais t’expliquer ! » «
Haī ! »
Monsieur Takeshi s’assît et regarda la jeune fille en faire de même. Elle était assez suspicieuse car son tuteur ne souriait jamais comme ça d’habitude.
«
Voilà, comme tu le sais, tu n’as pas le droit de voir ton frère, ni même de lui parler à travers moi pour des raisons particulières. Moi même je ne sais pas pourquoi. Mais… »
«
Oui ? »
«
Eh bien, voudrais-tu chanter avec lui ? »
«
Pourquoi ? Il est chanteur ? »
«
Il va le devenir, en effet. Nous allons faire comme ça ; on vous passe la musique, et vous chantez chacun de votre côté, et les éditeurs et studios arrangent le tout pour former une belle musique, pour les vidéos-clips, on vous dessinera comme la plupart des chanteurs au Japon. Ça te va ? »
«
Oh oui ! Je suis d’accord, ça me va ! »
Durant le reste de la journée, Rin dû signer des papiers, et des papiers, puis ensuite emmenée à Los-Angeles pour enregistrer sa première partie vocale. Pour le moment c’était un simple cover, mais à entendre les critiques bien structurées des studios, c’était un bon début. Il fallait attendre le Nouvel An pour pouvoir entendre la musique finie avec les images et les labels. Rin était anxieuse. Finalement…
«
… MINUIT ! BONNE ANNÉE » avait-elle hurlé dans son appartement, toute seule.
Elle cliqua sur le lien qui venait de s’afficher et croisait les doigts. Les images – pour sa part en tout cas – étaient bien respectées. Rin était en effet affublée de son nœud sur la tête, avait ses courts cheveux blonds… Rin était contente. Mais est-ce que l’image de son frère était respectée, elle ?
La voix de son jumeau ne lui avait jamais semblé aussi belle. Et les deux voix réunies créaient une merveilleuse harmonie. Son cœur battait vite. Très vite. Entendre la voix chantée de son frère était un merveilleux cadeau d’anniversaire.
Los Angeles, Californie le 3 Septembre 2011, HIGH SCHOOL. Rentrée des classes. Depuis l’année de onze ans, Rin avait enchaîné chansons sur chansons, duo sur duo, voire trio, quatuor, groupe… Projets… Tout en gardant son anonymat aux États-Unis. Elle avait pu dès lors rentrer sans problème dans son lycée spécial. Comme clubs, elle avait choisi Musique Spé et Sport. Pour le SAT ça n’apportait pas grand chose, mais au moins ça lui permettait de se défouler durant son temps libre après ses nombreux devoirs. Le premier sport qu’elle avait pris était natation, car elle aimait beaucoup l’eau. Et là, qui retrouva-t-elle juste au bord de la piscine ?
«
Oh, Sayer-kun ? »
Sayer était un élève du même collège qu’elle. Il avait fait natation ensemble et elle l’avait déjà entendu jouer de la guitare. C’est même lui qui lui avait donné envie d’en faire. Ce dernier se releva, retirant sa chemise qu’il balança nonchalamment dans son sac.
«
Coucou Princess- »
«
Oh » s’exclama surprise Rin avant de rire timidement.
«
Qu’est-ce qu’il y a ? C’parce que je suis torse-nu ? Bah au collège ça te gênait pas tant que ça » commença-t-il en rejetant ses cheveux violets en arrière tel un mannequin.
«
Non, ce n’est pas ça, ahah ! C’est ta voix, elle a muée ! »
«
Ah, oui. C’est parce que, you see, j’suis un homme. »
«
Oui, sans doute » termina-t-elle mi blasée, mi amusée. «
Tu vas prendre le club de guitare aus- euh… »
«
Oh, bah comment tu sais que je joue de la guitare, toi ? »
«
Euh. Euh. On fait une course ? Le premier arrivé de l’autre côté ! »
La blonde plongea sous le cri « consterné » de Sayer qui la rejoignit aussitôt dans l’eau. Lorsque Rin releva la tête hors de l’eau, elle vit le violet, assis sur le bord l’air dépité :
«
T’sais, l’air et l’eau c’est différent ! Tu peux pas être douée partout miss ! Princesse Escargot, comment on dit ça en Japonais ? »
«
Tss » rétorqua-t-elle gentiment en balançant de l’eau dans la figure du jeune homme.
«
T’as pas répondu à ma question. »
Rin se redressa de son long, se mit à côté du violet qui lui tendit une serviette. Elle s’essora les cheveux vite fait avant de dire, un grand sourire aux lèvres :
«
Hime no Katatsumuri. »
«
D’acc, princesse ! »
*
* *
«
Princesse ! Tu peux m’aider pour les maths, steuplé » demanda le violet, le poing adossé contre le casier de la demoiselle. Juste au dessus de sa tête.
Cette dernière releva les yeux vers son meilleur ami et dit, tout sourire :
«
Encore du mal avec les vecteurs ? »
«
J’COMPRENDS RIEN » s’exclama-t-il, dépité.
«
Haha, viens à la maison ce soir ! Je te ferais des ramens et on fera les maths. »
Et le soir, ils prirent le bus jusqu’en Orange en direction de l’appartement de Rin, soigné, et convenable. Une légère odeur de mandarine et d’encens flottant dans la pièce central, d’innombrables Cds rangés sur une étagère, dont un CD posé sur le bureau, la pochette illustrée par un personnage que Sayer avait vaguement vu sur internet. Soudainement. Lien.
«
Passe tes affaires, et assieds-toi, je reviens ! »
«
O-ouais » balbutia-t-il en tendant sa veste et son sac de sport.
«
Eh, qu’est-ce qu’il y a ? T’es jamais venu dans l’appart d’une fille ? »
«
N’IMPOR- hum, n’importe quoi » se reprit-il en se détournant pour que Rin ne puisse voir sa peau devenue rouge pétant.
«
Hihi, Bibiri-kun » se moqua-t-elle gentiment avant de s’en aller.
Dès qu’elle disparut, il en profita pour prendre le CD et voir « Kagamine Rin album 2011 ». Il commença à se demander si c’était une coïncidence si l’image de sa Princesse et de la fille soit similaire… Et qu’elle soit connue par les internautes fans de chansons japonaises farfelues. Il haussa les épaules ; ils écouteront et il verra bien.
Rin revint en short et débardeur tout en commençant à allumer les lumières. L’heure sur le cadran affichait l’heure en retard, il était en réalité 19h47, déduction que fit simplement Rin puisqu’elle en avait conscience.
«
Je vais préparer les ramens, sors tes maths ! »
«
Yeah… Merci, Rin » fit-il, en se massant la nuque.
«
De rien » répondit-elle, un peu perplexe que Sayer sois si gentil d’un coup.
«
Hum, dis-moi, tes parents rentrent quand » demanda-t-il, anodinement.
Rin stoppa ses gestes et se tourna vers Sayer, normalement et lui dit, comme si c’était tout à fait banal :
«
Je suis orpheline, mes parents sont morts, je n’avais personne à ma naissance. » Gros silence tandis que Sayer s’en voulut de suite d’avoir posé une question pareille alors qu’il aurait dû s’en apercevoir. Gorge sèche, il ne sut quoi faire, quoi dire, et s’insulta lui même de crétin. « Tu aimes tes ramens comment ? Ah heu c’est vrai t’en as jamais goûté. Bon bah, je te fais ma recette habituelle, he- ! »
Rin se tut, quelque chose lui serrait la taille. Deux bras. Contre son cou, un une tête délicatement posée. On lui faisait un câlin, enfin, Sayer lui faisait un câlin. Allô. Sayer, faire un câlin. Les yeux de Rin s’écarquillèrent d’un seul coup. Elle se tourna et, au passage se brûla.
«
AH ! NOM D’UN ROULEAU COMPRESSEUR !! »
«
Désolééé Princesse ! »
«
Mais t’en fais pas va, je me suis juste brûlée avec la plaque, c’pas comme si on m’avait coupé la main. Haha ! »
Rin servit son ami en nouilles et en fit de même pour elle. Elle apprit à Sayer comment faire pour les vecteurs en mathématiques, puis, pour fêter ça, jouèrent à Mario Kart sur Wii. Enfin…
«
J’PRENDS BOWSER. »
«
NON, C’MOI. »
«
VAS-Y C’MOI QUI L’AI DIT L’PREMIER. »
«
M’EN FOUS, C’MON BOWSER. »
«
MAIS VAS-Y KESKIA LÀ !? »
«
YA QU’TU M’EMBÊTES LÀ » beugla la blonde qui balança pour la peine un coussin sur la figure du nageur.
… C’plus parti pour une bataille de polochons.
Le lendemain, l’appartement était sans dessus dessous. Et surtout, Sayer avait pas prévenu ses parents qu’il restait chez Rin la nuit !
«
Roh voilà l’explication de ouf qu’j’dois donner maintenant… »
«
Bah. Dis que tu t’es fait attaquer par des gitans et qu’ils t’ont relâché que ce matin » balança Rin, sûre d’elle.
Sayer la regarda, un ange passa, puis il explosa de rire, à neuf heures du matin, un samedi. Son rire pouvait s’entendre dans tout le quartier.
«
Pourquoi tu rigoles » hallucina la jeune fille qui ne comprenait vraiment rien.
«
Aaah, je t’adore Princesse ! Bon, avant que je parte, je peux te demander quelque chose ? »
«
Ben oui, qu’est-ce qu’il y a ? »
Il prit le CD posé sur la table et lui demanda, en souriant :
«
On peut l’écouter ensemble ? »
«
… Heu… Ben si tu ve- pourquoi tu me demandes si tu le mets sans m’écouter » râla-t-elle, toute rouge.
«
Ben parce que tu pouvais pas me dire « non » » répondit-il en rejetant ses cheveux en arrière, tandis qu’une goutte de lassitude coula le long du crâne de Rin.
«
Ttosan, kasan, ima made gomen… »
«
Huuu » geignit la blonde qui cacha son visage derrière son coussin tandis que Sayer était plutôt concentré.
«
Mais ta gueule Rin, j’entends pas c’que tu chantes ! »
«
Mais c’est gênant ! »
«
Rien à foutre, putain ! »
«
LES GROS MOTS C’EST AU PLACARD. ET COMMENT TU SAIS QUE C’MOI ? »
«
MERDE, tu m’obliges à faire ça. »
La bouche de Rin scotchée, Sayer pu écouter tranquillement toutes les chansons de la jeune fille défilèrent et, une fois terminé, Sayer se leva, arracha le scotch de la bouche de la jeune fille qui cria, les sourcils froncés. Il prit le CD, récupéra ses affaires, et dit à son amie, souriant :
«
Bon, les chansons japonaises c’pas mon trip, mais faut reconnaître que… ouais, ta voix me fait sourire, un truc de malade. J’me sens encore mieux quand tu chantes que lorsque tu parles… »
Rin devint toute rouge avant de sourire, attendrie. C’était la plus belle chose qu’il lui avait dite depuis qu’ils se connaissaient, elle en avait même le cœur serré.
«
… Parce que lorsque tu parles tu piailles et t’es chiante. »
Pokerface time.
«
… J’savais bien que c’était trop gentil… »
«
Dis au fait, tu viendras à la soirée d’hivers ? Le 27 Décembre ! »
«
Ah ça je ne sais p- »
«
C’était pas une question. Tu viens » rétorqua-t-il, sombre, ce qui en fit trembler Rin de peur. «
Tu viendras. »
«
Je viendrai » fit-elle, apeurée.
«
Haha, génial ! Bon, à Lundi, et merci pour les maths Princesse ! »
*
* *
«
C’BON. T’me filmes, eh ? Eh ? Eh ouaiiis… Ouais euh… Riiiinette Princeeeeesseeeee ! … J’esspeèèuure que la fête elle te plaît, parce que … Oh putain. NON, J’SUIS PAS BOURRÉ. Ouais te… toi, tu sayyiis. Ton toi là, ben… Euh, voilà ! RIIIN, la fête, c’est un truc de ouuuf ! J’ai jamais autant kiffé d’ma vie ouwaï ! Ouais, bon j’suis chelou j’dois être piché, tu vas dire « ouaaaaah il est trop à vide, ouf ! » OUAIS j’suis piché j’assume, entièrement ! KESTA ? Bref, ouais Rin, j’t’adore. T’ma meilleure amie, depuis deux ans, et cette fête-là, à chaque fois ma Princeeeesse, tu captes pas et tu chiales comme une madeleine ouais ! J’t’aime, jusque dans le fin fond de la piscine et d’ailleurs… EH TOI LÀ ! OUAIS TOI, FILME MOI ! OUAIS. SUIS-MOI. Quoi ? OUAIIIIS FERMEZ VOS GUEUUUUUUULES ! J’ARRIIIIVEEEUUH !... BON ALLEZ, ON FAIT PAS DE BRUITS ON DOIT CHERCHER ÈRE IH ÈNE. BAH RIN QUOI. Quoi, « ferme ta »… Oh… Ah ouais pas con, huhu ! Bon allez… Elle est là… RINETTEEEEEEEEEEE ! ON SAUTE ! SI ! SI ! YEAAAAH ! … Avoue c’tait drôle, meuh si c’tait drôle ! TA MÈRE C’TAIT DRÔLE ! ET TA MÈRE PUTAIN FAIS PAS CHIER, TU NOUS CASSES LES COUILLES, LÀ, BORDEL. DE QUOI ? … Je… Non, attends Rin ! Pars pas ! Putaiiin … QUEL CON ! MAIS QUEL CRÉTIN, BORDEL ! CASSEZ-VOUS BORDEL DE MERDE, BARREZ-VOUS, J’VOUS EMMERDE TOUS OK ? VOS MÈRES, VOS SŒURS ET VOS CHIENS ! VOS RAAAAACES ! VOS PUTAIN DE RACES ! Coupe-moi ça, enculé ! »
Elle courait, dans les rues de Los-Angeles, trempée jusqu’aux os, larmoyante, un peu pompette. Son meilleur ami venait de la blesser. Bien sûr qu’il était bourré et qu’il ne pensait pas à ses tournures de phrases, mais Rin était sur l’émotion et ne réfléchissait pas. Que son meilleur ami lui dise ça, comme ça… Le jour de ses seize ans, ça la faisait chier. Au final, elle tomba nez-à-nez avec un bus qui amenait à sa Ville. Elle le prit, heureusement qu’elle avait sa carte de bus dans sa poche arrière de jeans.
Elle le prit, ses genoux recroqueviller contre elle et se laissa bercer par la musique du bus. Sa tête tremblait contre la vitre, et elle commença à s’assoupir de plus en plus lorsqu’une fille plus âgée tapota l’épaule de la petite blonde et, tout en étirant un sourire timide, elle lui dit qu’elle était arrivée à la station d’Orange. Rin fit un pauvre sourire et se leva, ayant trempé au passage la banquette et salua le chauffeur avant de descendre. Descendit, elle resta plantée là, devant l’abri. Plusieurs voitures passèrent, de leur vitesse faisant balloter les cheveux de Rin de gauche à droite. Elle releva la tête et se mit à courir vers son appartement, tenta à trois reprises de mettre sa clé dans la serrure et, une fois parvenue, s’enferma et plaqua son dos contre la porte. Pour glisser, et s’allonger au sol. Elle éclata en sanglots et ce, pendant trois longues heures.
Le lendemain, ses yeux étaient gonflés et rouges, de larges cernes en guise de cicatrices de la veille. Ses cheveux étaient secs, emmêlés. Elle ne fit rien de la journée, si ce n’était que récupérer le courrier de la semaine. Encore un cover. Elle posa la lettre machinalement sur le bureau avant de s’exiler devant sa télévision. Vers 19 heures, elle décida tout de même par faire à manger, et cela fait, elle partie prendre une bonne douche afin de se réveiller en plus de se nettoyer. Elle sentait encore le chlore de la piscine d’intérieure de Sayer. Sa douche prise, elle sortit de la cabine, l’esprit embrumé, attrapant sa serviette pour l’enrouler autour de son petit corps. Soudain, elle sentie le contact frais de deux bras qui enlaçaient son corps. Un torse masculin face à elle, et cette odeur naturelle qui la plaisait tant, tellement elle était rassurante. Elle plissa les yeux, les ferma… Puis soudainement les rouvrit pour éjecter la personne qui l’enlaçait alors qu’elle était.
«
MAIS C’EST QUOI TON PROBLÈME TOI ? DÉGAGE DE MA SALLE DE BAINS, SAYER ! »
«
EEEEH, C’ÉTAIT OUVERT, DONC JE ME SUIS SENTI « INVITÉ ». »
«
TU ENTRES CHEZ LES GENS COMME ÇA TOI ? MAIS T’ES PAS BIEN DANS TA TÊTE BORDEL ! »
«
LES GROS MOTS C’EST AU PLACARD ! »
«
OOOOH, JOUE PAS SUR LES MOTS, HEIN ! DÉGAGE ! »
Elle le vira de sa salle de bains et ferma la porte. Oh, si ça se trouvait, il l’avait vu toute nue… ? Rin cauchemarda, et cacha son visage sous sa serviette, évitant d’hurler comme une hystérique même si l’envie la tentait fortement. Elle se mit dos à la porte et se laissa glisser jusqu’au sol, tandis que la voix de son ami résonnait de l’autre côté.
«
Je… Je suis désolée pour ce que j’ai dit hier… J’étais piché et je ne savais plus ce que je disais… Du moins, ce n’était une mauvaise intention… Tu sais que je parle très mal et que je suis aussi impulsif que toi… »
«
Oui, je sais… »
«
… Fin bref, je t’ai ramené ta veste et tes cadeaux… Y en a beaucoup, tout le monde s’est acharné pour que ton anniversaire soit réussi… Et enfin de compte, c’est moi qui l’aie bousillé. »
La porte s’ouvrit brusquement, et Sayer faillit partir en arrière s’il ne s’était pas retenu. Rin se tenait là, humide et habillée de son mini short et débardeur habituel. Il sentit des gouttes lui tomber sur les visages. Des gouttes salées et amères… Rin pleurait. Sayer n’avait jamais vu Rin pleurer comme ça. En fait, il ne l’avait jamais vu pleurer tout court ! Il se leva et la serra fort contre lui, tellement fort. Rin enroula ses bras autour de ses épaules, sur la pointe des pieds afin d’être un minimum à sa hauteur. Un petit sanglot s’échappa d’entre les lèvres de la jeune chanteuse, tandis que le jeune homme répéter sans cesse de petits pardons, de petits désolés, caressant doucement les cheveux de la jeune fille.
Une fois calmée, le jeune homme attrapa une guitare à Rin et lui montra ce qu’il savait faire depuis plus d’un an déjà. Un morceau de guitare, d’une de ses chansons. Rin savait en jouer, mais son Dieu de la guitare, ce n’était pas Miyavi le chanteur japonais, mais bel et bien Sayer. Comme hypnotisée, elle écouta la musique. Et lorsqu’elle l’accompagna, Sayer étira un de ses sourires dont seul lui en avait le secret, celui qu’il gardait uniquement pour Rin. Au final, Rin filma avec son portable Sayer entrain de jouer, et elle promit de ne jamais montrer cette vidéo au lycée. Ce serait leur moment à deux. Rien qu’à eux deux. Finalement, il s’était bien rattrapé le nageur impulsif.
Qu’est-ce que tu peux l’adorer.
*
* *
«
T’façon… T’as mon skype, hein ? »
«
Ouais… »
«
… Pleure pas hein, Princesse… »
«
Mais non » s’exclama-t-elle en essuyant vite fait une petite larme au coin de l’œil. «
T’en fais pas, c’est pas trop long 6 mois… C’pas comme si tu partais pour toujours ! »
«
Bon bah tu vois, allez… Viens-là » s’exclama-t-il en attrapant sa petite blonde dans ses bras.
«
J’veux pas que tu me laisses toute seule… »
«
Mais qu’est-ce que tu racontes, tu n’es pas seule ! T’as pleins d’amis après moi ! »
«
Mais toi tu es mon meilleur ami… »
Un sourire triste vint décorer le visage des deux amis. Sayer devait partir six mois en Australie pour une réunion familiale importante qu’il ne pouvait louper. Il serait donc scolarisé là-bas, et devait arrêter cette année le club de natation. Rin le voyait poser ses affaires dans le coffre de sa voiture… Elle devait faire quelque chose d’égoïste pour qu’il ne pense qu’à elle durant tout le trajet, et même pendant ces 6 longs mois ! Elle trouva. Elle attrapa les joues de ce dernier, grimpa sur la pointe des pieds et déposa un baiser sur les lèvres du violet. Ce dernier beugua littéralement, ne comprenant pas pourquoi elle avait fait ça. Elle se justifia, un peu rose :
«
C’pour que tu m’oublies pas. »
«
… Heu… Tu m’as embrassé pour pas que je t’oublie ? Mais comment oublier une chieuse pareille ? Haa… »
Rin fit volte face pour cacher ses rougeurs devenues rouge pivoine tandis que lui se frappa le front. Bon, pas qu’il n’avait pas aimé, mais venant de sa meilleure amie, ça lui semblait décalé. Le paradoxe. Mais fichtre, il avait réellement apprécié.
Il embarqua dans sa voiture, évita de regarder Rin pour ne pas faire demi-tour et ne plus la quitter… Mais impossible, il devait partir car il mettait toujours un point d’honneur pour la famille. La voiture démarra, Rin aurait voulu éclater en sanglot, mais elle n’y parvint pas. Elle voulait hurler injustice, mais seulement un silence morbide s’extirpa d’entre ses lèvres. Alors elle courût chez-elle, et mit son casque, son à fond. Elle s’extirpa de ce monde. Soudainement, des paroles lui vinrent, une mélodie. Elle prit sa guitare électrique et au fur et à mesure écrivit sa première composition personnelle. Composition qu’elle envoya à son ami « Neru », son compositeur personnel.
Deux jours plus tard, elle reçut un mail. Oh, la composition lui plaisait énormément ! Il y avait de tout, de la tristesse, de la haine et de la colère. Même si c’était noir, avec la voix douce de Rin, il y aurait une saisissante oxymore figuralisée. Il appuya le projet, et appliqua des retouches personnelles. Rin alluma son micro personnel et commença à réfléchir pour les paroles. Et la composition des paroles. Impossible de trouver, et ça l’agaçait. Elle se rua sur l’ordinateur pour ne plus y penser, puis tomba sur un site. De discussion, et de musique. Mais apparemment, surtout de discussion.
Rin, par curiosité, reluqua les topics et tomba sur un pseudo qui avait de bonnes idées musicalement parlant. C’était limite si il pensait comme elle ! Parler avec lui ou elle était urgent ! Sans doute pouvait-il l’aider pour sa composition ! Elle s’inscrivit de suite, fit sa « fiche de présentation » où elle fut obligée de mentir un peu car elle devait préserver son anonymat pour ses études. « Validée » par un administrateur, elle rejoignit un débat sur les compositions de Neru – et comme elle était imbattable sur toutes les facettes de Neru, ce fut facile de se démarquer de suite ! Le pseudo qu’elle visait la remarqua, et il engagea une discussion privée avec elle. Sur son avatar on pouvait voir des bananes – Rin crampa de rire, ça lui faisait penser aux douceurs préférées de son frère, d’après ce qu’elle avait pu en deviner. Il écrivait en anglais, britannique, donc certains mots sonnaient « crus » dans la tête de Rin, puis elle comprit que son interlocuteur était étranger.
- Si vous êtes curieux:
Kiritotobanana dit :
C’est fou ! Tu as dit sur le topic de Neru exactement ce que je voulais dire !
OrangesAreEverywhere dit :
J’ai remarqué la même chose en m’inscrivant ! (xD) c’est un truc de guedin ! Mots pour mots quoi !
Kiritotobanana dit :
Désolé je ne comprends pas beaucoup de mots, je suis Japonais.
OrangesAreEverywhere dit :
Je suis japonaise aussi ! Parlons en japonais si tu préfères ! (:B)
Kiritotobanana dit :
Arigatō gozaimasu ! Donc tu es Japonaise ? Pourtant sur ton ID tu es en Californie ! :O
OrangesAreEverywhere dit :
Oui, c’est que je vis aux Etats-Unis depuis ma naissance, je suis orpheline ! (><;)
Kiritotobanana dit :
Ah désolé… (>.<;)
OrangesAreEverywhere dit :
T’inquiète va ! ( :3) Et toi tu es où au Japon ?
Kiritotobanana dit :
Tokyo ! La grande capitale ;)
OrangesAreEverywhere dit :
Hihi, ça rigole pas ! :DDis-moi, j’aimerais avoir ton impression, je fais une composition car je commence dans ce domaine, et un ami compositeur à moi m’a dit que la compo’ instrumentale était excellente, mais voilà j’ai un trou pour la partie vocale… J’ai fait plusieurs essais et rien ne me satisfait, je sais bien que le compositeur n’est jamais satisfait de son travail, mais là je suis réellement insatisfaite ! xD Je peux te passer les écrits ? :)
Kiritotobanana dit :
Ça me ferait plaisir de t’aider « jumelle de cerveau » !
OrangesAreEverywhere dit :
Hihihi ! Je t’envoie ça tout de suite ! :3
Depuis ce jour, « Banana » aida « Orange » à écrire ses parties, et ensembles, parvinrent à créer une belle chanson. Soudainement, son ami lui dit que cette chanson irait réellement bien à Rin Kagamine, une chanteuse Japonaise. Rin fit un rire jaune,
ça il pouvait pas le dire… Elle lui demanda si il (elle, à vrai dire elle ne connaît pas son sexe) aimait cette chanteuse. Il lui répondit qu’il l’adorait. Sa voix le – ah, c’est un garçon ! – transportait toujours dans un monde de béatitude. Rin étira un sourire doux. Elle était tellement heureuse de savoir qu’il n’y avait pas que son meilleur qui pensait ça. Soudainement, penser à lui commença à noircir ses pensées… Et, elle commença à broyer du noir. Banana proposa de faire une « cam » avec elle. Elle accepta, si ça pouvait lui faire changer les idées, mais elle courut tout d’abord mettre des lentilles foncées et une perruque, délire qu’elle avait eu avec Sayer pour lui ressembler ; raté, elle faisait un mini Sayer, son petit frère de huit ans et demi. Cela fait, elle retourna à son ordinateur, brancha le micro et le baissa à -1 niveau hauteur pour avoir l’air plus mature. Elle alluma la webcam, et la discussion à cam commença. Banana était
trop sexy, et pourtant, le genre candide, c’était pas son genre ! Mais alors lui…
«
Motherfucker, you’re awesome, really cuuuuuuuute ! » Et une phrase américaine pour exprimer son fangirlisme.
«
Hahaha ! Je suppose que ça veut dire que je suis beau ? »
«
Ah bah ça ! Les cheveux bruns et les yeux verts c’pas trop mon style, mais j’sais pas… En fait t’as genre trop des airs à une illustration de Len Kagamine, mais genre vraiment ! »
«
Quel argot… Enfin, ça me fait plaisir ! … T’es rigolote, Orange ! »
«
Ahaha ! Arigatoooo ! »
«
C’est une couleur ? C’est la première fois que je vois des cheveux de ce genre-là… Et ce sont tes yeux naturels ?... Tu serais pas albinos ? »
«
Heuuu… SI ! Exactement ! J’ai fait une couleur parce que j’aime pas trop les cheveux blancs… Mais la prochaine fois, je fais une couleur blonde ! Pour ressembler à Rin ! »
Il se mit à rire, et Rin sembla comme transporté… Un rire pareil… Ça n’existait pas ! c’était impossible, c’était un mélange de craquant, de mignon… Si les yeux de Rin pouvaient changer de formes, ils deviendraient des cœurs dégoulinants de guimauves.
Ils discutèrent des heures durant. De longues heures, arrivés vers 3 heures du matin chez Rin et 20 heures chez Banana, ce dernier demanda à la jeune fille d’aller se coucher. Mais elle ne voulait pas, car sinon elle allait rêver de Sayer. Ils parlèrent alors de Sayer, le meilleur ami de Rin, et après avoir expliqué qu’elle avait peur d’être remplacée dans son cœur, Banana expliqua qu’il connaissait ce genre de sentiments et qu’il ne pouvait que comprendre. Vers quatre heures du matin, les yeux de Rin commencèrent à tomber tout seul. Comme gêné, Banana lui demanda si elle voulait qu’il veille sur elle, via la webcam. Rin devint toute rouge, et ça se voyait même à la caméra. Banana se reprit vite fait en lui expliquant qu’il ne disait pas ça malsainement, mais pour qu’elle sache qu’elle n’était pas seule et qu’il restait avec elle quoi qu’il arrive. Rin redevint blanche et accepta. Elle partit dans sa salle de bains se mettre en pyjama, vira ses lentilles, et ressortie. Elle dit à Banana de fermer ses yeux, comme quoi elle était « pudique », en fait c’était surtout pour pouvoir régler la caméra pour assombrir son regard au maximum – vive la technologie !
Enfin, Rin dormit aux côtés de son nouvel ami, et lorsqu’elle se réveilla le lendemain matin vers 9heures 30, et qu’il était près de 3 heures du matin chez Banana, il se tenait toujours là, les yeux ouverts, un doux sourire aux lèvres. Rin souriait aussi. Elle commençait réellement à apprécier ce garçon qui avait la même optique qu’elle… Rin ordonna à Banana de couper pour qu’il aille se coucher, mais ce dernier tenait à lui montrer quelque chose. Des billets. Allés et retour Los-Angeles.
«
Tu… Tu veux venir me voir ? »
«
On se donne rendez-vous où tu veux. »
«
Hum. Eh bien ça dépend de quand tu viens en fait… »
«
La semaine prochaine ! »
«
Oh ! Eh bien, hum… » Elle réfléchit et dit, rougissante ; «
The Lash, c’est un bar et une boite de nuit… Tu as réservé un hôtel quand même ? »
«
Non » dit-il tout sourire !
«
Oh là là, mauvaise idée ! Tu viendras dormir chez-moi, c’est trop dangereux Los-Angeles en cette période ! Surtout quand on n’connaît pas les environs ! »
«
Hihi, content que tu prennes soin de moi, dis donc ! »
«
Oui, fin… C’que j’veux pas qu’il t’arrive une casse… Surtout à LA… » Elle toussa, et dit : «
Enfin, je suis contente que tu fasses tout ça pour moi ! Merci… »
«
Non, c’moi qui te remercie de me sortir de cette routine agaçante ! »
*
* *
La veille, son premier single fait par ses soins, avec l’aide de Banana, mit dans les crédits, et Neru qui sponsorisait entièrement cette chanson, venait de décrocher les millions de vues. Elle avait fait un carton monstrueux sur le site Nico Nico Douga, déjà pas mal d’utaite reprenaient la chanson, et un nico chorus était en préparation. Rin n’avait jamais été aussi fière de sa vie. Mais malheureusement, le stress commençait à monter… Dans moins de dix minutes, Banana arrivait. Elle n’avait jamais été aussi bien habillée. Sayer avait été là, il aurait hurlé « POPOPOOOOOO, LA BEBOM ! » Et, y avait de quoi ! Une belle robe noire à fourreau, des talons, un maquillage qui lui donnait un visage plus mature et lorsque son regard bordeaux – lentilles bien sûr – croisa le regard vert du jeune homme, ils se dévisagèrent longtemps malgré les gens qui dansaient, malgré la musique qui battait un rythme d’enfer… Il avait vraiment des airs à Len, elle ne saurait comment l’expliquer, mais dans cette tenue chemise blanche cravate dénouée et jeans noir… Ça lui rappelait Karakuri Burst, une musique qu’elle avait fait avec son frère. Elle se leva alla le rejoindre, et une fois face à face, Rin faisant pile la taille de Banana grâce à ses chaussures, elle lui dit, Banana ayant lu sur ses lèvres :
«
Comment vas-tu, Len ? »
Ce dernier se raidit, pâli… Il comprit. Il se tenait face à sa grande sœur. Ses yeux s’écarquillèrent, en même temps que Rin qui avait réellement vu juste… Ils se firent bousculer, et Rin en profita pour fuir vers la sortie.
Elle retira ses chaussures et courut vers la ruelle juste à côté. Elle inspira, expira, se tint la tête entre les mains et tenta de se calmer.
«
Non, c’pas possible, je rêve ?... »
Elle vira sa perruque, la balançant au fond du cul de sac, retira son chignon et laissa ses cheveux courts et ondulés retomber contre son cou.
«
Ce n’est pas… Possible ! »
«
Eh bien si. »
Rin fit volteface et ouvrit en grand ses yeux. Un frisson parcourut son échine. Et ses yeux reconnurent cette silhouette qu’elle voyait à travers des dessins, des idées… Mais pourquoi y avait-il une telle lumière derrière-lui ?
«
Kagamine Len, levez vos mains, et vous aussi mademoiselle ! »
«
QUOI ? »
Elle regarda son frère sans comprendre. Elle sentit juste quelque chose près d’elle qui tentait de lui asséner un coup.
«
COURS LEN. COU- »
Pouf. Puis le noir. Où allait Rin ? Qu’allait devenir Len ? … Elle n’avait aucune idée de ce qui allait se passer… Pourtant, elle ferait mieux de s’inquiéter…