De ce qu'on sait, Len est né à Tokyo, a vécu à Tokyo, et va probablement mourir à Tokyo. Mais, Len n'est pas né enfant unique. Il a en fait une soeur jumelle... qui vit présentement à Orange en Californie... à 8 815 kilomètres de lui. 8 815 putain de kilomètres ! Et à chaque seconde de son existence, ça tue Len de la savoir si loin de lui. Les jumeaux Kagamine ont été séparés même pas un mois après leur naissance. Rin n'était encore qu'un bébé quand un homme est venu la chercher un soir pour l'emmener. Pourquoi séparer ainsi un bébé de ses parents ? Mr et Mme Kagamine ont eu un choix déchirant à faire. Ne s'attendant pas du tout à avoir des jumeaux et ne pouvant pas subvenir aux besoins de deux nouveaux-nés, ils ont pris la douloureuse décision de donner un de leur enfant en adoption. C'est malheureusement Rin qui a été choisie. L'homme est venu prendre Rin et c'est la dernière fois qu'on la vue.

Les années ont passé, mais les parents de Len et Rin ont toujours voulu savoir comment allait leur fille. Alors, l'orphelinat dans lequel Rin se trouvait leur envoyait des photos de leur fille et des lettres de temps à autre. Un ans... Deux ans... Trois ans... Quatre ans... Sur toutes les photographies, Rin débordait de joie avec son sourire éclatant. Jamais elle n'avait l'air triste. Mais pour son propre bien, Mr et Mme Kagamine ont ordonné de dire à leur fille que ses parents étaient décédés. Ça serait beaucoup moins douloureux pour elle. "Ses parents étaient morts. Il ne l'avait pas abandonné." Même si ça s’avérait à être faux. Quoi qu'il en soit, ils ont toujours gardé un certain contact avec leur fille.

Len lui ? Il ne savait rien de tout ça. Ce n'est vers l'âge de 6 ans, alors qu'il jouait à cache-cache avec ses meilleurs amis Nico et Éli, qu'il découvrit la vérité. Les trois garçons avaient la maison des Kagamine pour eux tout seul alors que les parents étaient partis faire quelques courses au marché d'à côté. C'est Nico qui comptait. Éli était en train d'essayer de se cacher dans la machine-à-laver, alors qu'il était beaucoup trop grand pour y rentrer. Len avait décidé de trouver refuge dans la garde-robe de ses parents. Maman lui avait pourtant bien dit de ne pas aller dans sa chambre lorsqu'elle n'était pas là, mais Len adorait ne pas respecter les règles. Rebelle déjà à 6 ans le blondinet. Il s'était donc tapis dans la garde-robe, mais un voulant  se camoufler entre les vêtements, un boîte en carton lui était tombé sur la tête. Assommer et apeurer, il rouvrit les portes de la garde-robe et tomba à la renverse. Reprenant ses esprits, il vit la boîte gésir sur le sol. Len comprit que c'était ça qui lui était tombé sur la tête. Intrigué, il se releva et prit le carton dans ses mains. Le blondinet s'assit sur le lit de ses parents, la boîte sur les genoux, et l'ouvrit. On pouvait entendre Nico qui avait fini de compter et qui était à la recherche de ses deux amis en criant leur nom. Len ne saisit pas tout de suite qui se trouvait sur les photos. Et il se trouvait qu'à 6 ans, le petit garçon savait à peine lire. Impossible pour lui de déchiffrer les lettres, excepté quelques mots comme "gentille", "obéissante", "Californie", et "Rin". Un prénom. Un très joli prénom. C'est alors que Nico débarqua dans la chambre en criant "Je t'ai trouvé !". Len avait remis tous les trucs dans la boîte, puis l'avait rangé à sa place. Encore jeune et innocent, il avait bien vite oublié cet incident.

Len était maintenant à sa quatrième année d'enseignement primaire, âgé de 10 ans. Il s'est rapidement démarqué des autres par son hyperactivité. C'était un garçon impulsif qui ne pouvait absolument pas rester en place. Voilà pourquoi les cours étaient si difficiles. Rester assis sur une chaise à écouter un adulte ennuyant dire des choses ennuyantes, ce n'était pas pour lui. Il avait toujours les deux mêmes meilleurs amis pour la vie, Nico et Éli. Ses trois jeunes ont fait les 100 coups ensemble. Le blondinet avait déjà eu quelque petite copine, mais rien de sérieux. À 10 ans, on est loin d'être sérieux. Mais depuis que sa mère l'avait forcé à prendre un cours de piano (elle croyait que ça l'assagirait son fils), Len s'était découvert une toute nouvelle passion : la musique. Il en était devenu accro. Il jouait de ce magnifique instrument huit heures par jour. Sans dec' ! Le blondinet devient rapidement très doué et sa prof de piano le recommanda pour une compétition de juniors qui regroupait une bonne partie des écoles japonaises. C'était une importante compétition. Et Len la remporta haut la main. À seulement 10 ans. On le décrivait comme un "jeune prodige".

Le jour de son 11e  anniversaire, l'imprésario de Len lui annonça une grande nouvelle : il allait chanter en duo avec une fille de la Californie. Elle s'appelait Rin. Soudain, un vieux souvenir que Len avait tenté de refouler refit surface. "Californie". "Rin". Pris de vertige, il demanda d'être seul et on le laissa tranquille pour le reste de la journée. Le blondinet alla dans la chambre de ses parents et ouvrit la garde-robe. Il fouilla un peu dedans et tomba enfin sur ce qu'il cherchait. La fameuse boîte en carton. Len se rassit sur le lit de ses parents, comme il l'avait fait 5 ans plus tôt. Cette fois, il regardait beaucoup plus attentivement les photos. Une fillette blonde toute joyeuse. De plus, Len savait maintenant lire. Il prit les lettres et en lu le contenu les unes après les autres. Au fur et à mesure que sa lecture avançait, plus ses yeux s'écarquillèrent. Tout devint claire dans sa tête. Len comprit enfin ce que ses parents tentaient de lui cacher depuis 11 ans. Il avait une soeur... jumelle en plus ! Elle vivait à Orange, en Californie. Elle s'appelait Rin.

- Rin Kagamine.

Le simple fait de dire son nom à haute voix le faisait frissonner. Et en plus, il allait enregistrer une chanson ensemble ! Est-ce que Rin savait qu'il était son frère ? Est-ce qu'elle savait qu'elle avait un frère tout court ? Mon dieu de mon dieu de mon dieu. S'en était trop pour Len. Il s'enferma dans sa chambre et se coucha.

Leur duo sorti le soir du nouvel An, et honnêtement, ils avaient fait un succès monstre. Depuis ce jour, Len enregistra quelques autres chansons (en solo cette fois), puis quelques vidéos, gagnant en popularité. Âgé de maintenant 16 ans et entamant sa première année de Lycée au Japon, le blondinet s'était quelque peu assagit avec le temps. Il était devenu un assez célèbre chanteur et musicien au Japon. Mais c'est bien connu que la célébrité vient avec les problèmes. Il y a quelques mois, Len s'était mis à consommer de la drogue. Ça l'avait commencé par un petit joint, puis une pilule, puis une seringue. La star n'allait pas vraiment bien. Les gens autour de lui disaient que c'était une simple "phase de l'adolescence", que ça "allait passer". Mais la vérité est que Len se sentait complètement vide à l'intérieur. Il essayait temps de bien que de mal de combler ce vide à l'aide de drogues. Ça le faisait planer et l'aidait à se sentir mieux, au moins durant quelques heures.

Quoi qu'il en soit, la vie continua.

Entre temps, Len s'était inscrit sur un site internet de discussion sur la musique avec comme stupide pseudo "Kiritotobanana". Ne cherchez pas à en comprendre le sens. Ce site lui faisait penser à autre chose, ça lui changeait les idées. Un soir, Len débattait sur le producteur de musique "Neru" sur le fameux site internet, et c'est là qu'il remarqua quelque chose d'intéressant. Mais d'abord, il faut savoir que Neru travaille à écrire de la musique et des textes pour Len, alors le blondinet le connait par coeur. Donc, Len remarqua qu'un des membres - son pseudo était "OrangesAreEverywhere" - s'y connaissait pratiquement aussi bien que lui sur Neru. Il mettait les mots sur ses pensées. Intrigué, Len décida d'aller lui parler en privé. Après quelques échanges, Orange (appelons le comme ça) demanda au blond son aide pour les paroles d'une composition. Len accepta. Ça lui ferait quelque chose d'autre à faire que se droguer. Finalement, la chanson fut terminée grâce à son aide. Hip hip hip houra !

Orange et Banana continuèrent de discuter, et par un coup de tête, Len demanda à Orange - qui s'avérait en fait être une fille - si elle voulait bien faire une conversation avec caméra, microphone et tout le tralala. Elle accepta. Len capta par la suite qu'il ne pouvait pas se montrer comme il est à la cam. Il était Len Kagamine, bon sens. MOMENT DE PANIQUE. Len quitta son portable et fouilla en catastrophe dans sa chambre à la recherche d'un quelconque déguisement. Par je ne sais quel miracle, il réussit à trouver une courte perruque brune et des lentilles vertes. Sauvé ! Len enfila son déguisement de fortune et retourna sur son portable pour mettre la cam.

Orange était vraiment... vraiment... belle quoi. Le genre de fille qu'on regarde rien qu'une fois et qu'on ne peut plus détourner les yeux après. Len aimait la regarder. Len aimait l'entendre parler. Len aimait quand elle riait. Len aimait la façon dont elle avait de le regarder, lui. Un nouveau sentiment émergea tranquillement en lui. Ça lui faisait un peu peur, mais il aimait ça. Ils discutèrent un long moment. Ça faisait longtemps que Len ne s'était pas senti aussi bien. Depuis qu'il avait commencé à parler avec Orange, ses problèmes de drogue avaient beaucoup diminués. Mais toute bonne chose à une fin. Il se faisait très tard chez Orange (décalage horaire je te hais). Len voyait bien qu'Orange avait de la misère à garder les yeux ouverts. Il lui conseilla donc d'aller dodoter, mais elle ne voulait pas. La belle lui expliqua l'histoire avec son meilleur ami, et Len l'écouta attentivement. Pour je ne sais quelle raison, il lui proposa de veiller sur elle durant son sommeil. Les mots étaient sortis tout seul de sa bouche, et il s'en voulait un peu maintenant. Il allait certainement passer pour un obsédé. Len le pervers. Ça sonne bien. Mais il rectifia le coup en disant que ce n'était pas par malsainité, mais pour qu'elle sache qu'elle n'était pas seule. Orange accepta finalement la proposition de Len et s'endormit.

Durant six heures et demie, Len garda les yeux fixés sur son écran d'ordinateur, incapable de décrocher son regard. La luminosité de la chambre d'Orange était très faible, mais par chance, la Lune pénétrait par la fenêtre, ce qui éclairait la belle endormie. Soudain, Len eu comme une révélation. Il se leva d'un bon et quitta sa chambre (c'est la seule et unique fois qu'il quitta Orange de la nuit) pour aller rechercher les photographies dans la boîte. Ouai je sais, encore cette boîte ! Len ramena les photos avec lui et plaça la plus récente à côté de l'écran du portable. Excepté la coupe et la couleur de cheveux, la fille sur la photo et Orange se ressemblait beaucoup. Beaucoup trop même... Mon dieu de mon dieu de mon dieu... Sur un nouveau coup de tête (ça fait beaucoup de "coup de tête" en peu de temps), Len acheta des billets d'avion pour le premier vol la semaine prochaine vers la Californie. Il imprima le reçu des billets et attendit patiemment le réveil de sa belle - SA belle, oui oui - pour lui annoncer la nouvelle. Len savait que ses parents n'allaient pas approuver, que son imprésario allait vouloir le tuer, que sa maison de disque allait partir à sa recherche, mais il s'en foutait. Tout ce qu'il voulait, c'était la voir.

Une semaine pile plus tard, à 8h du matin, Len était assis dans un avion en direction de la Californie. Il avait d'abord eu une peur bleue qu'Orange refuse sa proposition de venir la voir. Mais elle avait accepté sans prendre le temps d'y penser. C'était bizarre de sa part de recevoir un parfait étranger chez elle. Len commença à penser qu'Orange était peut-être en fait un vieux pervers qui se faisait passer pour une fille afin de violer des petits garçons comme lui. Mon dieu de mon dieu de mon dieu. Est-ce qu'il est trop tard pour faire demi-tour monsieur le pilote ? Orange avait donné rendez-vous à Banana dans un bar nommé "The Lash". Une fois arrivée en Californie, Len prit un train pour se rendre à Orange (la ville hein, pas la fille !). Dans les toilettes du convois, Len avait remis sa perruque et ses lentilles. Il était vêtu d'un jeans propre, de ces fameux converse et d'une chemise blanche avec une cravate à moitié attachée noire. Classy as fuck comme on dirait. Len avait décidé de garder son anonymat. Il savait bien qu'Orange était en fait sa soeur, mais il ne voulait pas lui avouer qui il était. Elle n'était probablement même pas au courant qu'elle avait un frère. Ça l’attristait Len, mais au moins, il pourrait la voir ne serait-ce qu'une fois.

Len n'eut même pas fait un pas dans le bar que son regard croisa celui d'Orange/Rin. Ils se dévisagèrent longuement. Plus rien au monde ne comptait excepté sa soeur qui se tenait à quelques mètres de lui. Toute autre chose était devenue secondaire. Elle se leva tranquillement et traversa la foule pour venir se piquer droit devant Len. Les deux faisaient exactement la même taille. Len ne trouva rien à dire, rien à faire, rien à penser. Il se contenta de l'admirer de la tête aux pieds. Rin était tout simplement magnifique.

- Comment vas-tu Len ? demanda-t-elle tout bonnement.

Ces paroles prononcées mais jamais entendu à cause de la musique résonnèrent dans l'esprit de Len. Il se figea et perdit de ses couleurs, pris d'un soudain vertige. Rin ne dit rien d'autre, le contourna et partit en courant du bar. Len prit un moment pour se remettre de ses émotions. Elle l'avait reconnu ? Ou plutôt, elle savait qu'il existait ? En ce moment précis, Len aurait bien fumé un joint pour relaxer, car ses nerfs allaient craquer. Mais au lieu de ça, il quitta à son tour le bar en courant. Une fois dehors, Len s'époumona à crier le nom de Rin. Il la vit finalement dans la petite ruelle à côté du The Lash. Lorsqu'elle jetta sa perruque à la poubelle, il n'eut plus aucun doute. C'était bien sa Rin.

- Ce n’est pas… possible !

- Eh bien si, répondis-je calmement.

Ces trois mots étaient sortis tout seul de sa bouche. Rin se retourna en sursautant, ne s'attendant sûrement pas à trouver son frère juste derrière elle. Len voulait la toucher, la prendre dans ses bras, effleurer sa joue rien qu'un tout petit peu. Mais il n'eut le temps de rien faire car on le plaqua si violemment au sol qu'il perdit connaissance sur le coup.... what the fuck.